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L’Espérance Sportive de Tunis, au-delà d’être l’un des clubs les plus titrés d’Afrique, incarne un esprit de défiance face à l’oppression et l’autorité, qu’elle soit politique, coloniale ou globale. Depuis sa création en 1919 jusqu’aux actes récents de ses supporters, le club s’est imposé comme un symbole de résistance, mêlant sport, culture et contestation sociale.
Un club né dans la résistance
L’Espérance a été fondée dans un contexte marqué par la domination française en Tunisie. À une époque où la culture indigène était réprimée, le sport était l’un des rares espaces où les Tunisiens pouvaient s’organiser et affirmer leur identité. Dès ses premières années, le club et ses supporters ont incarné cette lutte contre l’oppression. Les matchs devenaient des tribunes pour scander des slogans nationalistes et pour défier les autorités coloniales, faisant de l’Espérance bien plus qu’un simple club de football.
Les tribunes contre Ben Ali : un acte de bravoure
Sous le régime autoritaire de Zine El Abidine Ben Ali, les stades tunisiens sont devenus des lieux de contestation à peine voilé. Bien que Slim Chiboub, un proche du président, dirigeait l’Espérance, cela n’a pas empêché les supporters du club de manifester leur mécontentement face à l’oppression policière du régime en place.
Dans les tribunes, des chants dénonçant la corruption, l’injustice sociale et l’autoritarisme ont toujours résonné, devenant une véritable signature des supporters de l’Espérance. Malgré les menaces de répression et les pressions exercées par le régime, les ultras ont maintenu leur posture de défiance. Le stade s'est transformé en un espace de liberté où la peur était mise de côté, comme en témoigne l’épisode marquant du 8 avril 2010, lors d’un match au stade d’El Menzah, qui reste gravé dans la mémoire collective comme l'une des confrontations les plus violentes entre les supporters et les forces de l'ordre, à quelques mois de la révolution du jasmin.
Ce jour-là, alors que l’Espérance affrontait le Club de Hammam Lif, des chants hostiles au régime policier ont mis les forces de l’ordre sur les nerfs. La tension a rapidement dégénéré en une répression brutale. Une confrontation violente a éclaté entre les ultras et la police, conduisant les autorités à couper les lumières du stade ainsi que la retransmission télévisée pendant quelques minutes, dans une tentative désespérée de dissimuler les abus policiers. Ces minutes d’obscurité ont marqué un tournant, révélant la fébrilité d’un régime en perte de contrôle, face à une opposition de plus en plus frontale dans les tribunes.
Hommage à Gaza : un message au monde !
Lors de la dernière finale de la Ligue des Champions de la CAF, les supporters de l’Espérance ont une fois de plus utilisé les tribunes pour exprimer leur position politique. Ils ont déployé un immense tifo en hommage aux victimes de Gaza, dénonçant l’injustice et la violence en Palestine.
Cet acte, loin d’être anodin, montre comment l’Espérance défie non seulement les systèmes locaux, mais également l’ordre mondial. À une époque où de nombreux clubs et organisations sportives évitent de s’impliquer dans des sujets controversés, les supporters de l’Espérance ont utilisé leur passion pour le football comme un mégaphone pour des causes humanitaires et politiques.
Un héritage de lutte et de liberté
Les supporters de l’Espérance ont su transformer les tribunes en un espace où l’autorité est défiée, qu’il s’agisse de l’administration coloniale, des régimes dictatoriaux ou des injustices globales. Leur tradition d’opposition est une constante dans l’histoire du club.
Cette posture anti-système va au-delà de la simple contestation. Elle incarne une philosophie de résistance face à toute forme d’oppression, rendant hommage à l’histoire du club et à sa place unique dans le paysage sportif et culturel tunisien.
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